Les maladies associées aux IgG4 (IgG4-RD) sont des affections fibro-inflammatoires chroniques, systémiques et médiées par le système immunitaire. Elles se caractérisent par une infiltration tissulaire par des plasmocytes IgG4-positifs, une fibrose en forme de panier (fibrose en faisceau) et souvent des niveaux élevés d’IgG4 sériques.
Ces conditions peuvent affecter presque tous les systèmes organiques, notamment le pancréas, les glandes salivaires, les glandes lacrymales, les reins, les poumons et les ganglions lymphatiques.
Que signifie IgG4 ?

Le diagnostic repose sur une combinaison de présentation clinique, de marqueurs sérologiques (notamment les niveaux d’IgG4 sériques), d’imagerie et de confirmation histopathologique. Il est important de noter que la maladie répond souvent bien à la thérapie par corticostéroïdes, bien que les rechutes soient fréquentes, nécessitant une surveillance à long terme et parfois un traitement immunosuppresseur.
Qu’est-ce que l’IgG4 ?
L’IgG4 (Immunoglobuline G4) est l’une des quatre sous-classes d’IgG, un type d’anticorps produit par le système immunitaire pour aider à lutter contre les infections. Les anticorps (également appelés immunoglobulines) reconnaissent et se lient à des substances étrangères spécifiques telles que les bactéries, les virus ou les allergènes pour aider à les neutraliser ou à les éliminer.
Il existe quatre sous-classes d’IgG chez l’homme : IgG1, IgG2, IgG3 et IgG4. Chacune a des rôles légèrement différents dans la fonction immunitaire. Parmi elles :
- L’IgG1 est la plus courante et est très active dans la lutte contre les infections.
- L’IgG4, en revanche, est la moins abondante (représentant moins de 5 % de l’IgG total) et se comporte différemment.
Caractéristiques uniques de l’IgG4
- Elle est moins efficace pour déclencher l’inflammation par rapport aux autres sous-classes d’IgG.
- Elle peut changer ses bras de liaison, créant des anticorps « fonctionnellement monovalents », ce qui signifie qu’ils sont moins capables de se lier en croix et d’activer les réponses immunitaires.
- L’IgG4 est souvent associée à une exposition prolongée aux antigènes, comme dans les allergies ou la stimulation immunitaire chronique.
Chez les personnes en bonne santé, l’IgG4 joue un rôle régulateur ou protecteur en atténuant les réponses immunitaires excessives. Cependant, dans la maladie associée aux IgG4 (IgG4-RD), cet anticorps normalement modéré est produit en quantités anormalement élevées et est associé à une inflammation et une fibrose dans divers tissus.
Qu’est-ce que les maladies associées aux IgG4 ?
Les maladies associées aux IgG4 (IgG4-RD) sont un groupe d’affections rares médiées par le système immunitaire où le corps produit trop d’anticorps IgG4, entraînant une inflammation et des lésions tissulaires dans divers organes. Cela peut provoquer un gonflement, des masses ou une fibrose (cicatrisation) dans des organes tels que le pancréas, les glandes salivaires, les reins, les poumons, etc.
Bien que souvent confondues avec un cancer ou une infection, les IgG4-RD répondent généralement bien au traitement par stéroïdes si elles sont diagnostiquées tôt.
Mécanismes des maladies associées aux IgG4
Bien que la pathogenèse exacte reste incomprise, on pense que les IgG4-RD impliquent à la fois des mécanismes immunitaires humoraux et cellulaires, avec des cellules T régulatrices et des cytokines comme l’IL-10 et le TGF-β jouant des rôles clés. Si elles ne sont pas traitées, elles peuvent entraîner une dysfonction organique progressive en raison de la fibrose.
Initialement reconnue dans le contexte de la pancréatite auto-immune, l’IgG4-RD est désormais comprise comme une entité clinique unifiée englobant une large gamme de troubles spécifiques à un organe, tels que la maladie de Mikulicz, la thyroïdite de Riedel et la fibrose rétropéritonéale, entre autres.
Maladies courantes associées aux IgG4
Voici une liste courte des maladies courantes associées aux IgG4 (par organe ou système) :
- Pancréas : Pancréatite auto-immune (Type 1)
- Glandes salivaires et lacrymales : Maladie de Mikulicz
- Thyroïde : Thyroïdite de Riedel
- Poumons : Maladie pulmonaire associée aux IgG4
- Reins : Néphrite tubulo-interstitielle associée aux IgG4
- Voies biliaires : Cholangite sclérosante associée aux IgG4
- Rétropéritoine : Fibrose rétropéritonéale (maladie d’Ormond)
- Aorte : Aortite/periaortite associée aux IgG4
- Ganglions lymphatiques : Lymphadénopathie associée aux IgG4
- Système nerveux central : Pachyméningite hypertrophique
Maladies urologiques associées à la maladie liée aux IgG4
Voici un résumé rapide des maladies urologiques associées à la maladie liée aux IgG4 (IgG4-RD) :
- Fibrose rétropéritonéale liée aux IgG4
- Un tissu fibreux se forme autour des uretères, pouvant entraîner une obstruction urétérale et une hydronéphrose.
- Néphrite tubulo-interstitielle liée aux IgG4 (TIN)
- Inflammation et fibrose dans les tubules et le tissu interstitiel des reins. Peut conduire à une insuffisance rénale.
- Prostatite liée aux IgG4
- Rare, mais peut provoquer une hypertrophie de la prostate, des symptômes urinaires, et imiter un cancer de la prostate.
- Urétérite liée aux IgG4
- Inflammation et épaississement de la paroi de l’uretère, pouvant entraîner une obstruction ou une hydronéphrose.
Ces pathologies peuvent se manifester par des douleurs lombaires, des symptômes des voies urinaires inférieures ou une insuffisance rénale, et sont souvent mal diagnostiquées comme des tumeurs malignes ou des infections. Un diagnostic et un traitement précoces (généralement par corticostéroïdes) sont essentiels pour prévenir des lésions permanentes.
Symptômes fréquents
Voici une courte liste des symptômes courants de la maladie liée aux IgG4, selon l’organe atteint :
- Gonflement ou masses indolores dans les organes affectés
- Bouche sèche ou yeux secs (atteinte des glandes salivaires/lacrymales)
- Douleurs abdominales ou jaunisse (pancréas ou voies biliaires)
- Douleurs lombaires ou dysfonctionnement rénal
- Symptômes urinaires (si la prostate ou les uretères sont touchés)
- Perte de poids, fièvre légère ou fatigue
- Hypertrophie des ganglions lymphatiques
Les symptômes varient largement selon l’organe touché. De nombreux cas sont découverts par hasard ou sont confondus avec un cancer ou une infection.
Diagnostic
Voici un résumé du processus diagnostique de la maladie liée aux IgG4 (IgG4-RD) :
- Signes cliniques
- Gonflement, masses ou dysfonctionnement d’un organe
- Tests sanguins
- Taux sériques élevés d’IgG4 (mais pas toujours présents)
- Imagerie médicale
- Les scanners (CT), IRM ou TEP montrent un élargissement d’organe ou une fibrose
- Biopsie (essentielle pour le diagnostic)
- Infiltration de plasmocytes IgG4-positifs
- Fibrose en faisceau et phlébite oblitérante
- Exclusion d’autres maladies
- Éliminer les diagnostics de cancer, d’infection ou d’autres maladies auto-immunes
Un diagnostic précis repose souvent sur une combinaison de données cliniques, radiologiques, sérologiques et histopathologiques.
Traitement des maladies liées aux IgG4
Voici un résumé du traitement des maladies liées aux IgG4 :
- Traitement de première intention :
- Corticostéroïdes (par exemple : prednisone)
→ Réduisent l’inflammation et les gonflements
→ La plupart des patients y répondent bien
- Corticostéroïdes (par exemple : prednisone)
- Agents épargneurs de stéroïdes (en cas de rechutes ou de traitement prolongé) :
- Azathioprine, mycophénolate mofétil, ou méthotrexate
- Thérapies biologiques (pour les cas résistants ou récurrents) :
- Rituximab (anticorps monoclonal anti-CD20)
- Soins de soutien :
- Surveillance de la fonction des organes (par ex. : reins)
- Traitement des complications (par ex. : soulager une obstruction urétérale)
Pronostic
Résumé du pronostic de la maladie liée aux IgG4 (IgG4-RD) :
- Généralement favorable avec un diagnostic et un traitement précoces
- La plupart des patients répondent bien aux corticostéroïdes
- Les rechutes sont fréquentes et peuvent nécessiter un traitement à long terme
- Un traitement retardé peut entraîner des lésions organiques irréversibles dues à la fibrose
- Rarement mortelle, mais la fonction des organes doit être surveillée
Résumé
La maladie liée aux IgG4 (IgG4-RD) est une affection rare, chronique et médiée par le système immunitaire, caractérisée par une inflammation et une fibrose dans divers organes. Elle implique une infiltration de plasmocytes IgG4-positifs et souvent une élévation des niveaux d’IgG4 dans le sang.
- Organes touchés : pancréas, glandes salivaires, reins, poumons, rétropéritoine, prostate, etc.
- Symptômes : gonflements, masses, dysfonctionnement d’organe, souvent imitant un cancer ou une infection
- Diagnostic : signes cliniques, tests sanguins (IgG4), imagerie, biopsie
- Traitement : corticostéroïdes (en première ligne), immunosuppresseurs, ou rituximab en cas de rechute
- Pronostic : bon si traité tôt, mais les rechutes sont fréquentes
Prof. Dr. Emin ÖZBEK
Urologue
Istanbul – TURQUIE
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