Testicule Non Descendu (Cryptorchidie) Chez l’adulte

Testicule Non Descendu (Cryptorchidie) Chez l’adulte

La cryptorchidie, communément appelée testicule non descendu, est une affection généralement diagnostiquée et prise en charge durant la petite enfance.

Cependant, dans de rares cas, elle peut persister à l’âge adulte en raison d’un diagnostic manqué ou d’un traitement inefficace. La cryptorchidie chez l’adulte présente des défis cliniques spécifiques, notamment un risque accru d’infertilité, de cancer testiculaire et de déséquilibres hormonaux. Contrairement aux cas pédiatriques, la prise en charge chez l’adulte nécessite une approche plus prudente, souvent en équilibrant les risques chirurgicaux et les complications à long terme potentielles.

Testicule Non Descendu (Cryptorchidie) Chez l’adulte

Prévalence des testicules non descendus chez l’adulte

La cryptorchidie est l’une des anomalies congénitales les plus fréquentes chez les nourrissons de sexe masculin, avec une prévalence d’environ 1 à 4 % chez les nouveau-nés à terme et jusqu’à 30 % chez les prématurés. Toutefois, la prévalence chez les adultes est beaucoup plus faible, principalement parce que la plupart des cas sont corrigés dans l’enfance par orchidopexie.

Chez l’adulte, la cryptorchidie vraie est rare, avec des estimations de prévalence suivantes :

  • 0,1 à 0,8 % dans la population masculine adulte générale.
  • Environ 1 homme adulte sur 500 à 1 000 peut présenter une cryptorchidie non diagnostiquée ou non traitée.

Importance clinique des testicules non descendus chez l’adulte

Même si elle est peu fréquente, la cryptorchidie chez l’adulte comporte plusieurs implications cliniques importantes. Lorsqu’elle n’est pas traitée ou diagnostiquée dans l’enfance, elle peut entraîner plusieurs complications, d’où la nécessité d’une évaluation et d’une prise en charge minutieuses :

  1. Risque accru de cancer testiculaire
    • Le risque de tumeurs germinales testiculaires (notamment séminomes) est significativement augmenté.
    • Ce risque est estimé être 4 à 10 fois plus élevé que chez les testicules normaux, en particulier si le testicule est intra-abdominal et si l’orchidopexie n’est pas réalisée avant la puberté.
  2. Infertilité et sous-fertilité
    • La spermatogenèse peut être altérée en raison des températures plus élevées dans l’abdomen ou l’aine.
    • La cryptorchidie bilatérale entraîne souvent une infertilité significative, tandis que la forme unilatérale peut affecter la qualité des spermatozoïdes.
  3. Dysfonction hormonale
    • La cryptorchidie prolongée peut perturber la fonction des cellules de Leydig, entraînant une baisse de testostérone, avec des symptômes comme baisse de libido, fatigue ou gynécomastie.
    • Certains patients peuvent nécessiter une évaluation endocrinienne et éventuellement une thérapie de remplacement en testostérone.
  4. Risque de torsion testiculaire
    • Les testicules non descendus sont plus exposés à la torsion, qui peut provoquer des douleurs abdominales ou inguinales aiguës et être confondue avec d’autres affections.
    • Il s’agit d’une urgence chirurgicale pouvant entraîner la perte du testicule non traitée.
  5. Préoccupations psychologiques et esthétiques
    • L’absence d’un testicule dans le scrotum peut provoquer des problèmes d’image corporelle, une faible estime de soi et une détresse psychologique, notamment chez les jeunes adultes ou ceux avec une atteinte bilatérale.
  6. Difficultés de diagnostic et de surveillance
    • Chez l’adulte, surtout si le testicule est intra‑abdominal, l’examen clinique peut être peu conclu­ant, nécessitant des examens d’imagerie (échographie, CT ou IRM).
    • Le testicule non descendu peut être difficile à palper ou à surveiller, compliquant l’auto‑examen et le dépistage du cancer.
  7. Considérations chirurgicales et thérapeutiques
    • Chez l’adulte, l’orchiectomie (ablation du testicule non descendu) est souvent recommandée en raison du risque de cancer et du faible pronostic de fertilité.
    • Dans certains cas particuliers (jeunes hommes souhaitant préserver fertilité et fonction hormonale), une orchidopexie peut être envisagée, bien que les bénéfices soient limités comparés à ceux d’une intervention précoce.

Symptômes

Chez l’adulte, la cryptorchidie peut être asymptomatique ou se manifester par des signes non spécifiques, ce qui rend parfois le diagnostic difficile. Toutefois, certains signes cliniques peuvent orienter vers le diagnostic, en particulier si le cas n’a pas été corrigé dans l’enfance :

  1. Scrotum vide
    • Absence d’un ou des deux testicules dans le sac scrotal, souvent détectée lors d’un examen clinique ou d’un bilan de fertilité.
  2. Masse inguinale ou abdominale
    • Masse ferme et indolore dans l’aine ou le bas-ventre, pouvant correspondre à un testicule non descendu ou intra-abdominal.
    • Rarement, cette masse peut devenir douloureuse en raison d’une torsion ou d’un cancer.
  3. Infertilité ou difficulté à concevoir
    • De nombreux hommes sont diagnostiqués au cours d’un bilan d’infertilité, surtout en cas de cryptorchidie bilatérale.
  4. Symptômes hormonaux (hypogonadisme)
    • Libido réduite
    • Fatigue
    • Dysfonction érectile
    • Diminution de masse musculaire ou pilosité corporelle
    • Gynécomastie
  5. Douleur ou inconfort
    • Rare, mais possible en cas de torsion testiculaire, traumatisme ou hernie liée à un testicule ectopique.
  6. Signes de cancer testiculaire
    • Masse indolore dans l’abdomen ou l’aine
    • Perte de poids, fatigue
    • Douleurs abdominales ou dorsales (si diffusion)
  7. Préoccupations psychologiques et esthétiques
    • Embarras, faible estime de soi ou image corporelle altérée, surtout en cas d’atteinte visible ou asymétrie.

Diagnostic

Le diagnostic chez l’adulte repose sur l’association d’un examen clinique et d’études d’imagerie, notamment car beaucoup de cas sont asymptomatiques ou mal diagnostiqués dans l’enfance :

  1. Anamnèse
    • Antécédents : histoire néonatale, présence d’un testicule non descendu ou intervention chirurgicale infantile.
    • Symptômes : infertilité, gêne abdominale ou inguinale, troubles hormonaux, anomalies scrotales.
    • Infertilité : souvent le contexte de découverte.
  2. Examen clinique
    • Palpation scrotale : principal moyen de détection de testicules absents.
    • Examen inguinal : identification possible d’une masse ou d’un testicule dans le canal inguinal.
    • Recherche de pathologies associées : hernie, gynécomastie, signes d’insuffisance hormonale.
  3. Imagerie
    a. Échographie scrotale : première ligne pour localiser le testicule, notamment en cas de localisation inguinale ou ectopique superficielle, bien que peu fiable pour les testicules intra-abdominaux.
    b. IRM : plus précise que l’échographie pour localiser les testicules non palpables ou intra‑abdominaux et évaluer une éventuelle lésion suspecte.
    c. Scanner (CT) : utilisé parfois pour le bilan d’extension en cas de suspicion de cancer testiculaire, moins utilisé pour la localisation initiale à cause des radiations.
  4. Laparoscopie (diagnostique et thérapeutique)
    • Référence pour localiser les testicules intra‑abdominaux.
    • Permet souvent de pratiquer simultanément une orchiectomie ou une orchidopexie si nécessaire.
  5. Examens biologiques (optionnels)
    • Bilan hormonal : testostérone, LH, FSH pour évaluer la fonction testiculaire.
    • Marqueurs tumoraux (si suspicion de cancer) : alpha‑foetoprotéine (AFP), bêta‑hCG, LDH.
  6. Spermiogramme
    • Indiqué en cas de recherche d’infertilité : permet d’évaluer le nombre, la motilité et la morphologie des spermatozoïdes.

Complications

Lorsque la cryptorchidie n’est pas corrigée durant l’enfance, plusieurs complications graves peuvent survenir à l’âge adulte :

  1. Cancer testiculaire : risque accru de tumeurs germinales (4 à 10 fois plus élevé), particulièrement pour les testicules intra‑abdominaux non corrigés avant la puberté.
  2. Infertilité / sous-fertilité : due à la température élevée hors du scrotum, réduction souvent plus marquée en cas de cryptorchidie bilatérale.
  3. Hypogonadisme : réduction de la production de testostérone, entraînant fatigue, perte de libido, dysfonction érectile, etc.
  4. Torsion testiculaire : urgence chirurgicale en cas de douleur aiguë.
  5. Hernie inguinale : fréquente en cas de testicule dans le canal inguinal.
  6. Traumatismes : les testicules ectopiques sont plus exposés aux blessures.
  7. Impact psychologique : anxiété, dépression, difficultés relationnelles ou sexuelles.

Traitement

La prise en charge chez l’adulte dépend de la localisation du testicule, de l’âge, des objectifs de fertilité et du risque de malignité. Contrairement à l’enfant, l’accent est généralement mis sur la prévention du cancer et le soulagement des symptômes :

  1. Traitement chirurgical
    • Orchiectomie : intervention de référence dans la plupart des cas adultes, notamment pour les testicules intra‑abdominaux, atrophiés ou non fonctionnels, ou chez les hommes sans bénéfice attendu en termes de fertilité.
    • Orchiopexie : rarement pratiquée chez l’adulte, mais envisageable si le testicule est palpable, non atrophié et fonctionnel, surtout chez un patient jeune souhaitant préserver sa fertilité ou sa fonction hormonale.
  2. Thérapie hormonale
    • Non recommandée chez l’adulte ; le hCG ou le GnRH utilisé parfois chez l’enfant sont inefficaces pour provoquer la descente testiculaire chez l’adulte.
  3. Conseils en fertilité
    • Orientation vers un spécialiste de la fertilité si désir de conception.
    • Analyse du sperme et bilan hormonal pour évaluer le potentiel reproductif.
    • Recours aux technologies de reproduction assistée (TRA) ou techniques de récupération de spermatozoïdes si nécessaire.
  4. Traitement hormonal substitutif (HRT)
    • Pour les hommes présentant un hypogonadisme lié à une cryptorchidie bilatérale ou à une insuffisance testiculaire.
    • La testostérone peut améliorer libido, énergie, densité osseuse et masse musculaire.
  5. Surveillance et suivi
    • Pour les patients ayant opté pour une orchidopexie ou présentant un testicule unilatéral non descendu, une surveillance prolongée est nécessaire :
      • Examens physiques réguliers
      • Échographies si besoin
      • Suivi des marqueurs tumoraux en cas de suspicion de malignité

Résumé

La cryptorchidie, ou testicule(s) non descendu(s), désigne l’absence d’un ou des deux testicules dans le scrotum. En général détectée et traitée durant l’enfance, elle peut exceptionnellement persister à l’âge adulte en raison d’un diagnostic manqué ou d’un traitement non réussi. Chez l’adulte, elle revêt une importance clinique majeure en raison des risques de cancer testiculaire, d’infertilité et de dysfonction hormonale. Les signes fréquents incluent un scrotum vide, une masse inguinale ou abdominale, ainsi qu’une infertilité. Le diagnostic repose sur l’examen clinique et l’imagerie (échographie, IRM), la laparoscopie étant la méthode de référence pour les testicules non palpables. Le traitement consiste généralement en une orchiectomie pour réduire le risque de cancer ; l’orchidopexie peut être envisagée chez certains jeunes adultes. Une reconnaissance et une prise en charge précoces demeurent essentielles pour limiter les complications à long terme.

Prof. Dr. Emin ÖZBEK
Urologue
Istanbul – TURQUIE

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